L’Atelier 2020/2021
Cinémas 93 et Côté court, forts de leur ancrage sur le territoire et de leur contact avec un vivier de réalisateurs franciliens, ont souhaité s’associer pour mettre en place L’Atelier : un dispositif d’accompagnement sur mesure de quatre apprentis réalisateurs de la Seine-Saint-Denis.
Cette résidence vise à mettre en relation des cinéastes en herbe avec des professionnels du cinéma afin de leur permettre de mieux comprendre les codes du milieu et d’affiner leur désir de création à travers des rendez-vous mensuels de travail et d’échange, des rencontres professionnelles, des modules d’initiation technique et des sorties culturelles.
Résidentes 2020-2021
Alpha Diallo, 28 ans, vit à Garges-lès-Gonesse (95)
« Né le 21 octobre 1991 à Paris 18ème, je suis le dernier d’une famille de 5 enfants d’origine sénégalaise. À l’âge de 6 ans, je déménage pour Garges-lès-Gonesse où très vite grâce au Centre Culturel de ma cité, je me berce dans le monde du spectacle. Au lycée, je commence à tourner mes premiers projets et écrit des pièces de théâtre. Mais c’est le cinéma qui m’intrigue par ses horizons et histoires différentes. Je prends peu à peu goûts aux films que je vois de Va, Vis et Deviens de Radu Mihaileanu à Timbuktu d’Abderrahmane Sissako en passant par Moonlight de Barry Jenkins. (…)
Mon rêve était de faire une école de Cinéma, trop cher aux yeux de ma famille et surtout trop élitiste. En ce sens, j’ai créé mon collectif « Menace To Comedy » avec deux autres amis de mon quartier où notre caméra demeure maintenant notre meilleur allié. En 2017, mon court-métrage filmé avec un téléphone portable a été finaliste du concours « Filme Ton Quartier » de France Télévisions et cette année je réalise ma première série. (…)
[L’Atelier] me permettra d’acquérir en expérience et surtout d’apprendre une nouvelle façon d’interpréter le monde de la réalisation. Mais encore, [il] me permettra d’évoluer autant au niveau personnel que professionnel. »
Yann Elliam, 25 ans, vit à Saint-Ouen (93)
« Tous les dimanches soirs, et ce dès mon plus jeune âge, ma mère avait l’habitude de nous emmener mon frère et moi au cinéma de ma ville, L’Espace 1789. Ce fut l’occasion pour moi de découvrir des films d’auteurs et des documentaires de tout genre et ainsi, comme le disait ma mère de développer mon esprit critique. De ce fait, j’ai pu découvrir un nouvel art et parcourir le monde et notre société à travers la caméra d’un cinéaste et de son film. Parmi mes découvertes, il y avait entre autres Le ruban blanc de Michael Haneke, Bande de filles de Céline Sciamma, Une séparation de Asghar Farhadi ou encore Les glaneurs et la glaneuse de Agnès Varda. Ce sont toutes ces œuvres, qui, aujourd’hui encore m’inspirent dans ma très jeune carrière de cinéaste. (…)
Selon moi, être accompagné par un parrain professionnel du cinéma serait un atout majeur. Ses conseils, son savoir-faire, son expérience sont sans aucun doute des ingrédients que beaucoup de jeunes réalisateurs aimeraient ajouter à leur recette, moi le premier. »
Chriss Itoua, 29 ans, vit à Saint-Denis (93)
« La création me passionne et cela se manifeste au monde de différentes manières, le dessin, l’écriture mais surtout la réalisation d’images et le collage. C’est ce qui a fait dire au garçon de 13 ans que j’étais « je veux faire des films ». Mon passage en Licence en cinéma à Paris 1 n’a comblé qu’une partie du désir que j’avais depuis mis en sourdine car à cette époque faire des films ne m’intéressait pas. Je voulais apprendre le langage cinématographique. (…)
Au terme de ma licence j’ai estimé que j’avais appris assez et qu’il fallait donc travailler. Je débute une carrière dans la production de doublages et cela pourrait être la fin de l’histoire, le compromis est tenu je fais presque du cinéma et j’occupe un poste sédentaire. Les années avançant je m’aperçois que je n’ai pas réalisé ce que je m’étais dit à l’âge de 13 ans, je n’ai pas fait de film ! (…)
Aujourd’hui je veux faire des films, je veux nous raconter, nous les non-blancs, nous les trans, les pédés, les gouines. Ce désir s’est renforcé en m’installant en 2019 à Saint-Denis car cela a été comme un retour. Ayant grandi à Creil, dans l’Oise, j’ai eu la sensation à Saint-Denis de retrouver des visages familiers et une façon de vivre sa vie que j’avais oublié. (…)
L’Atelier me permettrait de poursuivre cette quête car j’espère y apprendre plus sur la réalisation. Il s’agirait pour moi d’avoir une chance d’affiner mon point de vue sur les sujets que je choisis de raconter en employant le langage cinématographique. »
Anissa Kaki, 32 ans, vit aux Lilas (93)
« Comédienne de formation, j’ai suivi l’enseignement de l’Ecole Miroir à Epinay sur Seine de 2011 à 2014. (…)
Après cette formation, parallèlement à mon activité de comédienne, j’ai commencé à me sentir attirée par l’écriture et la réalisation. J’ai ainsi réalisé un premier court métrage, Princesse Nuage, soutenu par la Fondation France Télévision. (…)
En 2018, je réalise mon second court métrage, Les Danses de Lazare, un portrait de mon oncle. Le film est lauréat du concours “Filme ton quartier” et diffusé sur France 3. Avec Princesse Nuage et Les Danses de Lazare, j’ai tenté de représenter cet angle mort de la banlieue que je ne retrouve pas souvent dans les films ou les médias, la solidarité et la beauté que je perçois dans ces endroits. Je décide alors de me lancer dans un projet de film plus long autour du personnage de mon oncle Lazare. (…)
Je viens du monde du théâtre, je suis à l’aise dans la parole, les gestes, mais ce projet est pour moi la première confrontation au travail d’écriture et de réalisation au long cours. Malgré mon parcours riche d’expériences, je me sens novice dans la construction d’un film, son écriture, sa réalisation. J’ai des intuitions, mais je sens qu’il me manque des connaissances importantes, du recul sur mes idées. L’opportunité de pouvoir participer à L’Atelier m’offrirait des temps de réflexion et d’écoute, d’échange et de travail collectif qui sont si nécessaires pour pouvoir enrichir sa culture et son approche du cinéma.»
Parrain/marraine 2020-2021
Bojina Panayotova
Bojina Panayotova grandit dans la Bulgarie communiste et saute dans le bain occidental après la chute du mur. Elle étudie la philo à l’Ecole Normale Supérieure et le cinéma à la Fémis où elle rencontre le collectif de réalisateurs-producteurs Stank. Avec leur soutien, explore son Far East bulgare dans deux « films sauvages » plébiscités dans les festivals : le court métrage L’immeuble des braves qui remporte le Prix du meilleur documentaire au festival Silhouette, et le long métrage Je vois rouge qui est sélectionné à la Berlinale avant de sortir au cinéma en avril 2019. Elle collabore également avec le réalisateur Boris Lojkine et co-écrit Camille, Prix du public à Locarno et Bayard du meilleur scénario à Namur.
Mathias Théry
Mathias Théry est un réalisateur français né en 1980. Lors de ses études aux Arts Décoratifs de Paris, il s’intéresse à la photographie puis se tourne vers le documentaire. La Vie après la mort d’Henrietta Lacks, son premier film, a été primé dans plusieurs festivals. Mathias Théry a, depuis 2006, réalisé presque tous ses films avec Etienne Chaillou. Leur nouveau film, La Cravate est sorti en salle en février 2020.
Workshops 2020-2021
L’Atelier met en place des temps forts pendant l’année afin d’encadrer au mieux ses résidents autour de moments de création collective. Vous pouvez suivre sur cette page, le déroulement des trois workshops et des modules techniques proposés tout au long de l’année 2020-2021.
- 2, 3 et 4 septembre 2020 : workshop inaugural au CND
- 15 octobre 2020 : module image
- 9 novembre 2020 : module montage
- 16 – 20 novembre 2020 : workshop 2 – les Entrevues de Belfort
- 28 novembre 2020 : module son
- 16 janvier 2021 : module production
- 26 mai 2021 : module direction d’acteur
MODULE #5 : Direction d’acteur
Date : mercredi 26 mai 2021
Lieu : Cours Florent / Paris
Armand Lameloise, réalisateur et professeur du cursus Cinéma du Cours Florent, a animé à destination des résidents, une journée autour de la direction d’acteur. Accompagné d’une douzaine d’élèves du cours Florent, le module a été rythmé par différentes étapes : présentation des comédiens à l’aide d’un texte de chanson choisi par eux et dit face caméra, simulation de casting à partir d’extraits de films, direction d’acteurs sur plateau… Une journée riche en échanges avec l’intervenant et les ses élèves comédiens !
MODULE #4 : PRODUCTION
Date : samedi 16 janvier 2021
Lieu : Côté court / Pantin
Martin Bertier (producteur chez 5A7 Films et MLD Films) est venu parler de son métier de producteur à Alpha, Anissa, Chriss et Yann. Il leur a également fait ses retours sur les projets que chacun développe au sein de l’Atelier. Une rencontre passionnante et très enrichissante qui a permis d’aborder un métier qui reste souvent assez mystérieux pour le plus grand nombre.
Module #3 : Son
Date : samedi 28 novembre 2020
Lieu : Périphérie / Montreuil
Les quatre résidents ont passé une journée en compagnie de l’ingénieur du son Thomas Robert (il a travaillé notamment sur les longs métrages de Nuri Bilge Ceylan, Thierry de Peretti, Andrzej Zulawski, Nicolas Saada…) qui leur a proposé une approche du son en deux temps. Un moment d’écoute et de discussion sur l’importance du son dans les films, suivi d’une initiation pratique avec prise de son en intérieur et en extérieur.
WORKSHOP #2
Dates : du 16 au 20 novembre 2020
Les Entrevues de Belfort (dans ton salon !)
En partenariat avec l’APARR (Association des professionnels du cinéma et de l’audiovisuel de Bourgogne-Franche-Comté) et les Entrevues de Belfort, les résidents de l’Atelier ont pu participer à une édition « en ligne » du festival. Un parcours a été pensé en collaboration avec l’APARR et leur « Parcours Nouveaux Talents » qui vise à accompagner 5 jeunes cinéastes de la région Bourgogne Franche Comté. Au programme : une sélection de films à visionner, une rencontre à distance entre les jeunes cinéastes de l’Atelier et du Parcours Nouveaux Talents et des rencontres à distance avec les réalisateurs des films suivants :
– PALMA d’Alexe Poukine
– PEOPLE OF CINCINNATI de Théo Jollet
– RETOUR A TOYAMA de Itsushi Hirai
– LA LÉVITATION DE LA PRINCESSE KARNAK d’Adrien Genoudet
– TRAVERSER de Joël Akafou
Une belle manière de se consoler de l’absence du festival et qui a permis de belles discussions sur la fabrication et la production des films !
MODULE #2 : MONTAGE
Date : 9 novembre 2020
Lieu : Périphérie / Montreuil
C’est par écran interposé que Xavier Sirven, monteur, a pu partager son expérience avec nos quatre résident.e.s et les initier à cette étape essentielle de la construction d’un film. La journée s’est articulée autour d’un cas concret : le montage de CAMILLE de Boris Lojkine. L’ensemble de la rencontre a été l’occasion de revenir sur le travail très rigoureux du monteur (de l’importation des rushs à leur organisation en passant par la gestion des différentes timeline). Les résident.e.s ont pu découvrir l’évolution de certaines séquences du film, des premiers choix de montage au montage final et mesurer l’importance du rôle du monteur. La journée a également permis de révéler de nombreux enjeux et techniques de production directement liés au travail de montage et chacun.e a finalement pu s’enquérir de précieux outils spécifiques à la réalisation de son projet.
Une séance de travail à distance mais non moins passionnante organisée grâce à la complicité de Périphérie qui a bien voulu nous mettre à disposition leur belle salle de montage.
Module #1 : IMAGE
Date : 15 octobre 2020
Lieu : Cinémas 93 / Montreuil
Nos quatre résident.e.s ont passé une journée en compagnie du chef opérateur Sébastien Goepfert (directeur de la photographie notamment sur A peine j’ouvre les yeux de Leyla Bouzid et Petit paysan de Hubert Charuel) qui leur a proposé une approche à la fois théorique (en introduisant différentes notions techniques telles que : focale, profondeur de champ, diaphragme etc.) et pratique autour de la manipulation d’une caméra semi-professionnelle.
WORKSHOP #1
Dates : 2, 3 et 4 septembre 2020
Lieu : Le Studio / Aubervilliers & Centre National de la Danse / Pantin
PROGRAMME
Mercredi 2 septembre – au cinéma Le Studio (Aubervilliers)
MATIN : projection des films des résidents et leurs parrains suivie d’un échange
Jeudi 3 septembre – au Centre national de la Danse (Pantin)
MATIN : visite du CND et préparation des tournages
APRES-MIDI : écriture et début des tournages
Vendredi 4 septembre – au Centre national de la Danse (Pantin)
MATIN : tournage
APRES-MIDI : montage
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Les quatre résidents et leurs deux parrains se sont rencontré pour la première fois autour d’une matinée de projection au cinéma Le Studio à Aubervilliers. Ont été projeté à cette occasion : Pour Sarah de Yann Elliam, Les danses de Lazare d’Anissa Kaki, L’amour coexist d’Alpha Diallo, Nos solitudes partagées de Chriss Itoua puis L’immeuble des braves de Bojina Panayotova et La vie après la mort d’Henrietta Lacks de Mathias Théry.
Ils se sont ensuite retrouvé pour deux journées consécutives au Centre national de la danse où, après une visite complète du lieu, ils ont pu s’essayer à l’écriture d’une lettre filmée.