2ÈME JOURNÉE - PRÉSENTATION D’ALESSANDRA FALCONI
FARE E DISFARE PER CAPIRE E PENSARE (« FAIRE ET DÉFAIRE POUR COMPRENDRE ET PENSER »)
par Alessandra Falconi, directrice du Centre Alberto Manzi de Rome.
Alessandra Falconi introduit son exposé par une référence à Maria Montessori, médecin et pédagogue italienne qui la première a conçu des objets pédagogiques destinés à aider les enfants à être actifs et libres dans le jeu. Une autre inspiration pour sa réflexion est Bruno Munari (1907-1998), un artiste et designer qui a conduit une réflexion pratique pour créer des ateliers destinés aux enfants et les engager dans une démarche artistique. Dans ce cadre, il a dessiné des jouets pédagogiques qui ont fait le tour du monde.
Alessandra Falconi
Malheureusement, en Italie comme ailleurs, on a oublié cet héritage pour faire fabriquer des jeux en Chine… Dans les deux centres qu’elle a créés à Bologne et à Rimini, Alessandra Falconi essaie de donner suite au travail de ces pionniers.
L’idée qui sous-tend la plupart des créations ludiques conçues par son équipe est celle de l’objet « vide » : une matière première qui peut être utilisée de différentes manières, suggérant seulement des possibilités, par opposition aux objets qui n’ont qu’un seul emploi. Ces objets sont fabriqués à la main, dont l’expérience est différente de celle des produits « marketés ».
Ainsi, pour s’adapter au multiculturalisme qui définit la société d’aujourd’hui, son équipe a préféré, plutôt que de faire figurer dans ses jeux des enfants de différentes couleurs de peau, chercher son inspiration dans les folklores, qui sont les plus grands dépôts de mythes et d’histoire du monde. Un travail a été mené dans ce sens avec des artistes, pour créer des objets qui soient des propositions de formes, qui n’imposent pas d’identité particulière aux enfants afin qu’ils puissent se les approprier, pour écrire leur propre histoire. L’artiste fabrique des objets mais il n’est pas le protagoniste qui les utilisera.
Alessandra Falconi tient à insister sur la nécessité de solliciter l’imagination dans la création d’outils pédagogiques destinés aux enfants.
« La fantaisie, l’invention, la créativité pensent. L’imagination voit » (Bruno Munari)
L’imagination est un réservoir d’images qu’on a l’obligation morale d’enrichir le plus possible. Nous avons dans la tête des images qui préexistent aux mots. Un jeu pédagogique doit puiser dans ce réservoir intérieur et le stimuler pour permettre la production de nouvelles images.
Ces jeux visuels permettent la production, la combinaison, la destruction des images, pour en produire d’autres. Ils rendent le savoir manipulable, accessible aux mains – car nous avons des yeux sur les mains. Les images sont un objet de savoir et un moyen de communication.
Pour le pédagogue et écrivain Alberto Manzi, il faut s’assurer que l’enfant puisse toujours « faire » (et non « écouter »), en transformant chaque fois qu’il est possible l’activité en travail manuel, car les objets posent des questions concrètes. Les objets sont « une sollicitation à l’activité », permettant aux enfants d’avoir de nouvelles idées. L’apprentissage est un processus créatif qui se réalise par l’expérience et est accompli par le langage.
« Le jeu est le moyen de s'adapter activement à la réalité et, en même temps, un moyen de la transformer avec l'imagination. » (Alberto Manzi)
Les adultes doivent se réapproprier le désir de construire des objets pour les enfants. Traduire le monde en situations, matériaux, instruments, nous redonne le goût d’être des artisans du savoir. Nous devons protéger l’imagination en créant pour elle des contextes favorables, car pour créer le futur il faut le penser et aussi l'imaginer.
© La Valigetta del narratore
Un bon jeu propose une méthode de recherche mais n’est pas là pour donner des réponses. Les réponses ferment la recherche alors que les questions l’ouvrent.
Il faut donc oser la poésie, la curiosité, l’inédit, l’humour. La beauté des outils contribue à l’émerveillement des enfants et suscite le désir d’entrer en activité le plus tôt possible, en convoquant tous les sens.
Les valises ludiques conçues par l’équipe d’Alessandra Falconi sont à utiliser librement. Les enseignants lui demandent souvent quel en est le mode d’emploi. Elle leur répond de faire comme ils l’entendent. C’est un répertoire d’éléments, d’objets, d’images, avec lesquels on fait ce que l’on veut. Ce sont des outils pour découvrir la beauté du monde.
La dernière valisette a été inspirée par le thème suivant : comment mesurer le périmètre d’un nuage ? Il est évidemment impossible de mesurer cet objet tridimensionnel. L’objectif est de découvrir la beauté du monde et d’ouvrir la porte aux possibles. Les valisettes précédemment créées avaient pour thèmes la narration (raconter des histoires) et la géographie (faire des cartes).
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