JPRO 2024 / Matinée 7 mars - Work in progress de Laïs Decaster
- Matinée du 7 mars - Création cinématographique, Filmer le geste sportif
Échange avec Laïs Decaster sur son film en cours Des filles et du judo
« Dans ce documentaire, je m’intéresse à des judokates de haut niveau à l’âge où celles-ci vivent leurs premières grandes amitiés et histoires d’amour. Je mêle à ce récit mes propres souvenirs du judo que j’ai pratiqué pendant de nombreuses années. J’ai vécu cette période du judo intensément : plus rien ne comptait à part mes entraînements, les compétitions et mes amies du club. À vingt ans, j’ai fini par arrêter. J’étais épuisée, je voulais retrouver « une vie normale ». Je cherche donc à comprendre comment les judokates d’aujourd’hui, celles qui ont eu la force, l’envie de poursuivre, arrivent à vivre comme des jeunes femmes de leur âge, malgré les sacrifices que demande le haut niveau. »
Laïs Decaster, cinéaste, prépare son prochain film Des filles et du judo.
Discussion animée par Thomas Choury, chercheur spécialisé en sport et cinéma.
Des filles et du judo de Laïs Decaster (travail en cours)
Laïs Decaster, réalisatrice, a grandi à Argenteuil. À l’issue d’un master de réalisation à Paris 8, elle réalise son premier documentaire, J’suis pas malheureuse, chronique de ses jeunes années et portrait d’un groupe de filles. Elle tourne ensuite des courts métrages autoproduits : Elles allaient danser en 2020 puis Soirée mousse en 2021. En 2023, elle réalise Une histoire de plage, soutenu au titre de l’Aide au film court en Seine‑Saint-Denis. Elle développe actuellement, avec Lorca Productions, Des filles et du judo, un long métrage documentaire soutenu par le CNC et la SCAM.
Laïs Decaster développe un travail qui s’attache aux thèmes de l’amitié féminine, du groupe, de la parole. Elle a pour habitude de filmer des jeunes femmes qu’elle connaît, dressant un portrait de génération à travers des discussions intimes. Dans Des filles et du judo, il s’agit à nouveau de faire le portrait d’une jeune femme d’aujourd’hui, cette fois à travers le geste sportif.
Laïs Decaster a pratiqué le judo pendant quinze ans : c’est une partie constitutive de sa vie de jeune adulte qui a donné naissance à une amitié très forte avec l’une de ses partenaires.
Ce projet est en cours d’écriture. En guise de point de départ, elle a réalisé une esquisse dans le cadre de l’Atelier documentaire de la Fémis : elle a choisi de se filmer elle-même sur le tatami avec cette amie, qui de son côté continue à pratiquer le judo. Elle a rejoué leur relation, mêlant discussion intime et prises de judo, ce qui crée d’emblée une forme originale, celle d’une conversation interrompue par des chutes. D’un point de vue de mise en scène, le judo est intéressant car il crée un rapprochement physique immédiat entre deux personnes qui se retrouvent à la fois intimes et adversaires.
Le film essaiera de traduire cela, ainsi qu’une sensation proche de la transe propre au judo, où l’on perd son équilibre et ses repères.
Cela étant dit, la sportive que Laïs Decaster a finalement choisie de suivre dans son film emmènera peut-être celui-ci vers d’autres horizons.