Résidence de Valentin Pinet

Valentin Pinet en résidence "Artistes et sportifs associés"

De septembre 2023 et à Juin 2024, Cinémas 93 a coordonné la résidence du réalisateur Valentin Pinet au sein au sein du STADE OLYMPIQUE ROSNEEN – SECTION LUTTE "LUTARONY", qui a donné lieu à la réalisation de deux courts métrages documentaires sur les sportifs du club et plus particulièrement sur les lutteuses, en captant le quotidien du club : entraînements, déplacements, compétitions et moments festifs. La résidence artistique, intitulée "Artistes et Sportifs associés", est un dispositif proposé et soutenu par le Département de Seine-Saint-Denis et la Ville de Paris, événement organisé dans le cadre de l'Olympiade Culturelle. Cette résidence s'inscrit pour Cinémas 93 dans une démarche plus générale, entamée par l'association dans le cadre du dispositif des Échappées 15/25, de créer du lien entre le sport et le cinéma, les salles et les structures sportives. Il s'agit de la seconde résidence effectuée dans ce cadre après celle de Yohan Guignard en 2022-23 autour du rugby féminin à Bobigny.


Présentation du projet

Lorsque l’association Cinémas 93 a invité Valentin Pinet à postuler à cet appel à projets, cette proposition a coïncidé avec le souhait du cinéaste de pouvoir mener un travail au long cours sur le territoire de la Seine-Saint-Denis, et de réaliser un film dans le prolongement de ses autres projets sur le sport. Différentes pratiques sportives ont en effet été les terrains de ses précédents travaux : la gymnastique, la course d’orientation, le cyclisme. À chaque fois, Valentin Pinet se concentre sur la répétition des gestes, sur le mouvement, et tente de révéler la complicité des corps qui s’accordent pour se dépasser ensemble.

En observant les lutteurs, Valentin Pinet souhaitait être attentif autant au déroulé des mouvements qui se reproduisent qu’aux rires et échanges qui s’immiscent entre les phases de combats. Pour cela, il utilisa deux langages cinématographiques à la fois bien distincts et qui se répondent. Le premier langage est héritier d’un sous-genre du documentaire intitulé « cinéma direct », qui consiste en la captation immédiate, attentive et surtout participative d’un milieu, occupé par un groupe de personnes pris dans leurs actions. Pour cela, Valentin a fait le choix de filmer avec une caméra numérique dans un registre simple mais précis, c’est-à-dire en captant ce qui advient, tout en étant attentifs aux regards et échanges entre les lutteurs. Ces temps ont permis de recueillir la parole, mais aussi les « a côtés » : des discussions sur le tapis en attendant le début de l'entraînement, ou bien d’autres instantanés de la vie quotidienne des sportifs. Le deuxième langage cinématographique travaillé par Valentin est celui d’une recherche formelle minutieuse. Pour ce faire, une partie des tournages a été faite sur pellicule argentique, avec une caméra en longue focale qui enregistre sur de la pellicule 16mm.

Son immersion au sein de cette année de résidence a permis à Valentin Pinet la réalisation de deux courts métrages : le premier a été tourné dans le cadre d'un atelier "Filme ton Sport" et s'intitule "Comme un câlin", le second est son film de fin de résidence "Calista", moyen-métrage dont la version finale à venir sera diffusée dans les salles du réseau Cinémas 93. 

 

L'Atelier "Filme ton Sport"

En février 2024, s'est déroulé l'atelier "Filme ton Sport" qui a été pensé comme le temps fort de la résidence. Une dizaine de jeunes volontaires se sont impliqués durant une semaine dans la réalisation d'un court métrage, en faisant le portrait de leur groupe et valorisant leur sport de façon singulière. Le résultat est un essai-documentaire de 10 minutes tourné en 16mm, mêlant les paroles des enfants du club - garçons et filles - et alternant tableau de groupe, scènes fictionnelles, témoignanes individuels et enfin de pures expressions corporelles lors de combats de lutte.

La restitution du court métrage, initiatlement intitulé "La bagarre" pour finalement muter en "Comme un câlin", s'est déroulée au Théâtre et Cinéma Georges Simenon le mercredi 24 avril à 19h30, accompagné de deux autres courts métrages sur la lutte, et suivi d'un échange avec Valentin Pinet et les lutteurs, puis d'un pot pour fêter la fin de l'atelier.

Cet atelier a été soutenu par la DRAC Ile-de-France et le CNC dans le cadre de l'appel à projet Diffusion Culturelle 15-25 ans. 

Déroulé de l'année

Comme le sport est avant tout une histoire de transmission, celle-ci nourrit l’approche de Valentin Pinet qui, au travers de ce projet, a laissé le temps de l'échange et de la familiarisation de sa présence. Trois phases d'approche ont composé son travail de recherche sur l'année :
  • La première phase était une étape de rencontres. Valentin a passé plusieurs semaines en simple exploration sans filmer. Il a également pris le temps de présenter sa pratique, ses films et la manière singulière dont il travaille, lors des entraînements mais surtout lors d'une soirée de projection et de fête de Noël au sein du gymnase de Rosny en décembre où étaient présents les lutteurs et leurs familles. 
  • La deuxième phase était le moment central de l'Atelier "Filme ton Sport", entre transmission pédagogique et perspectives de recherches formelles, par un moyen historique de faire du cinéma sur caméra 16mm.
  • La dernière phase, la plus conséquente, s'est étendue sur toute la saison sportive et a été dédiée au suivi des lutteuses du club dans nombre de leurs déplacements, notamment pour l'une d'entre elle au cours de ses entraînements et des différents championnats. Valentin Pinet a noué une relation sensible de filmeur à filmées, entre lui et les sportives, afin d'être au plus près de la réalité de leur sport et de leur quotidien, notamment dans les relations qu'elles entretiennent entre elles et leur entraineur.

 

Restitution de résidence

Le film de fin de résidence intitulé "Calista" est un moyen métrage documentaire qui suit la saison sportive d'une jeune lutteuse du même nom. Il se concentre sur la relation avec son père également son entraineur, et avec les autres lutteuses et membres du club, durant les entrainements et les championnats à Rosny, et autres rencontres en France ou en Europe.

Deux intérêts sont restés au centre du projet : la singularité de ce sport peu médiatisé vu par le prisme d'un petit club de Seine-Saint-Denis, et la pratique d'un sport de combat par une jeune adolescente. La perspective des Jeux Olympiques était l’occasion pour le club de valoriser son dynamisme et les liens déjà établis avec d’autres clubs européens de lutte où ce sport est davantage pratiqué. A ce titre, Valentin Pinet a suivi les lutteurs en Norvège, et était présent lors d'une rencontre européenne organisée par le club à Rosny. Ce sport, peu identifié en-dehors des Jeux Olympiques, est pour beaucoup une discipline nationale porteuse de grandes valeurs notamment celle de l’apprentissage du contrôle de soi, et de l’appréhension aux corps des autres dans leurs différences. Le deuxième aspect, qui n’est pas des moindres, est donc cette réflexion centrale sur la volonté d’une pratique par une jeune femme d'un sport gorgé de stéréotypes, dépassant en cela la division en catégorie de poids et de sexe.  Le film de fin de résidence de Valentin Pient retrace la complexité et la spécificité de la relation intime et complexe entre Calista et son père, et rend perceptible formellement l'implication physique, mentale et affective des deux protagonistes centraux. 

Le mardi 25 juin s’est déroulée la soirée de restitution de la résidence. Lors de cette soirée au théâtre et cinéma Georges Simenon, ont été diffusés le court métrage Comme un câlin, ainsi que le moyen-métrage Calista, documentaire revenant donc sur toute la saison 2023-2024. La soirée a également été l’occasion de mettre en avant l’association sportive et la pratique de la lutte dans une ambiance festive, à l'occasion de l'aniversaire des 40 ans du club et du départ à la retraite de son fondateur. 130 spectateurs étaient présents à cet événement qui s'est clôt autour d'un pot convivial. 

 

Biographie

Valentin Pinet est né en 1996 à Lyon. Il est diplômé de École d'Art d'Annecy, des Beaux-Arts de Paris et de l'École documentaire de Lussas. Il investit des territoires sur le long terme et s'en imprègne pour construire des films dans lesquels les habitants deviennent personnages. Riche de ces rencontres, son écriture est autant documentaire que volontiers (re)mise en scène. Aujourd'hui, ses films sont principalement réalisés dans la Drôme où il a cofondé une association de cinéma local : image fracas. Après avoir été soutenu pour son premier court métrage "Beta RR" au titre de l'Aide au Film Court coordonnée par Cinémas 93, Valentin Pinet a eu l'occasion de réaliser deux films dans le cadre d'ateliers de cinéma coordonnées là aussi par Cinémas 93 : l'un ayant pour motif une course d'orientation au sein d'une classe de collégien, "Les échappées du parc" (Parcours Culture et Art au collège), et l'autre un entraînement de gymnastique artistique féminine ("L'entrainement). L'ancrage territorial est le point de départ de sa pratique : en partant des lieux et des personnes qui l'habitent, il construit des films en résonance avec l'endroit où ils sont fabriqués. Priment les gestes, les objets, les couleurs qui composent les lieux. Cette approche plastique permet la rencontre et révèle les histoires donnant forme aux liens qui tissent un groupe.